En 2016, au cœur de l’Anse Aubran, sur un site industriel en friche propriété de la ville, le chantier naval de Provence s’installait. Il bénéficiait alors d’une surface d’un hectare sur laquelle il faisait construire une darse et un pont à la capacité de levage de 100 tonnes. Sept ans après, les installations port-de-boucaines viennent de doubler, en s’étendant sur une friche du Grand port maritime de Marseille, avec l’aide de la municipalité. Une “success-story” locale, qui doit beaucoup aux qualités de l’équipe comme à celles des infrastructures. Le chantier de Port-de-Bouc est désormais prisé par nombre d’utilisateurs de la mer, plaisanciers comme professionnels.

Dès 2017, les dirigeants avaient entamé les travaux pour aménager l’aire de carénage et la mettre aux normes, avant une montée en puissance malheureusement freinée par le Covid. “Une période difficile pour nous”, confie Ludovic Richard directeur du chantier. Mais après un retour à la normale et devant les nombreuses demandes, nous avons décidé d’agrandir le chantier. En étroite collaboration avec les élus de la ville, un travail de concertation et de conception a été mené afin de trouver un compromis avec le Grand Port de Marseille.

La livraison de la nouvelle aire de stationnement à sec est intervenue en début d’année 2024. Elle a doublé la surface globale du chantier. Sur cette partie pour l’instant pas de carénage possible car elle est en attente d’installations adéquates et respectueuses de l’environnement. “Pour nos installations, nous utilisons au maximum des produits recyclés”, ajoute le directeur. Le revêtement de l’aire supplémentaire est constitué de 20 à 30 cm de mâchefer qui résulte d’une valorisation de résidus de production industrielle recouvrée de stabilisé.

Une équipe dédiée gère l’ensemble depuis l’ouverture du chantier. Eric et Dewe gèrent les mises à sec et remises à l’eau des bateaux, ainsi que leurs déplacements sur l’aire, le matériel de carénage, la surveillance des travaux et la sécurité du site. Ils sont à même aussi d’effectuer certains travaux à la demande. “Nous avons d’ailleurs un contrat avec la gendarmerie maritime pour l’entretien général de leurs vedettes, expliquent-ils. Nous recevons aussi de nombreuses entreprises de réparation navale. Certaines restent sur place plusieurs jours voire plusieurs semaines. Ils logent à l’hôtel, c’est aussi un apport économique pour notre ville.”

Le chantier naval travaille aussi avec des entreprises locales. Les nouveaux bers (les structures qui supportent les bateaux) ont été fabriqués par un ferronnier de Port-de-Bouc.

“L’agrandissement, se félicite encore le directeur, a permis l’élargissement des contrats d’accueil et de port à sec pour les barges de lamanage, les catamarans, les pêcheurs et plaisanciers, et même pour une équipe d’un chantier de construction navale de l’Atlantique pour la maintenance sur place de leur propre clientèle. Nous venons de signer un contrat avec EDF Energies Nouvelles qui concerne l’activité marine des futures Eoliennes flottantes. Cela va nous permettre de proposer à nos apprentis de rejoindre l’équipe. D’autres offres d’emploi suivront.”

DES ARRIVÉES

Depuis l’installation du chantier, des entreprises complémentaires à son activité ont pris place. Comme Easy Mer, un ship et vendeur de pièces détachées nautiques, un motoriste (Volvo), un gréeur, des charpentiers de marine, un électricien, des chaudronniers, etc. Au mois de mai prochain le chantier naval de Provence sera présent lors du salon nautique de la Grande Motte.

Des témoignages et des éloges à la pelle !

Quelques utilisateurs rencontrés sur le site ne tarissent pas d’éloges concernant le lieu, l’accueil, les installations et la compétence de l’équipe. Comme Colin, second du “Nomad IV”, un voilier de 30 m en cale sèche pour hivernage : “On loge sur le bateau qui peut atteindre la vitesse de 32 nœuds et a fait le tour du monde en 4 années consécutives”, précise ce dernier en ajoutant “ici c’est du sérieux, l’équipement est bon, on est plus tranquille que sur le port et pour un prix correct ce qui ne gâche rien. On bénéficie aussi d’une situation géographique privilégiée puisque le chantier est à proximité des grands axes routiers et de l’aéroport. Avec le tirant d’eau important du bateau, sa sortie et son déplacement sont également facilités.”

Le voilier est sociétaire à la Nautique du port de plaisance depuis 1998, il est en carénage pour une remise en peinture de sa coque.

“Le prix très correct. Le matériel et l’équipe de professionnels d’une grande qualité.” Paul est “Maître voilier” à Port-de-Bouc. Il navigue sur son voilier “K” vous l’y amarré habituellement et pour la plaisance. “Ce chantier est une véritable réussite. Avec son port en eau profonde, ses installations modernes et la compétence du sympathique personnel nous ne pouvons qu’être très satisfaits.”

Amarré en temps normal à Martigues, le catamaran de Dominique et Jean-Luc est là pour la réfection annuelle de sa coque. Eux aussi ont eu à se reconvertir une équipe de professionnels très serviables. “Le milieu du nautisme ne nous a pas habitué à ce niveau de travail et de sérieux.”

Quant à Edouard, propriétaire d’un voilier de 24 mètres à double quilles, sa coque a retrouvé un aspect lisse, un antifouling nickel, ses superstructures repeintes en brillant, et partout la propreté d’un chantier naval bien entretenu.